Menaces:
L’exploitation minière
© Erin Wessling
APERÇU
L’Afrique de l’Ouest est riche en ressources minérales, y compris de la bauxite, de l’or, du fer, de la phosphate et des diamants. Cette abondance ouvre aux industries et aux gouvernements la perspective de tirer un profit de l’extraction industrielle et suscite une ruée de la population locale pour exploiter artisanalement ces ressources. Ces deux types d’exploitation minière opèrent au sein de systèmes et à des échelles très différents, avec par conséquent des impacts très différents sur les paysages. L’exploitation minière industrielle relève d’un système formalisé, sous la supervision du gouvernement, et implique des sociétés multinationales souvent financées de façon multilatérale. L’exploitation minière artisanale est souvent informelle et désorganisée et généralement menée par des personnes marginalisées sur le plan économique.
Les parties prenantes ont jugé la menace des deux types d’exploitation minière « élevée ». Alors que l’Afrique enregistre moins de 5% de l’exploitation minière mondiale, son potentiel de croissance en Afrique de l’Ouest est préoccupant en termes d’impacts futurs sur les chimpanzés.
© Erin Wessling
L’exploitation minière industrielle
Il est dit que l’Afrique est « sur le point de connaître un boom minier sans précédent ». Attirant des milliards de dollars d’investissement étranger et vu par les gouvernements locaux comme un catalyseur de croissance et de développement économique rapide, le développement minier industriel présente une opportunité de développement humain considérable mais susceptible de faire concurrence à la protection de l’environnement et d’éroder les services écologiques indispensables aux communautés rurales défavorisées.
Par son envergure et sa nature destructive, l’exploitation minière industrielle a des impacts considérables et directs sur les habitats de chimpanzés, soit en les dégradant et en les fragmentant, soit en éliminant des ressources essentielles (White & Fa 2014; Williamson et al. 2014). Cependant, les impacts indirects nombreux et variés d’une exploitation minière de grande ampleur sur les chimpanzés et sur d’autres éléments de la vie sauvage sont moins reconnus, en particulier la dégradation des écosystèmes et le développement des infrastructures, l’afflux de population vers des régions isolées et les impacts sur la santé humaine, notamment par la pollution aquatique, atmosphérique et sonore.
Le développement minier industriel offre aux gouvernements des incitations financières à court terme, qui l’emportent souvent sur le plan économique sur les incitations à la conservation. Même si la plupart des gouvernements ouest-africains et les organismes multilatéraux de crédit (par exemple le groupe Banque mondiale) exigent de la part des projets miniers des évaluations de leurs impacts environnementaux et sociaux (EIES), le système d’examen des EIES est imparfait et se limite généralement aux impacts directs. En général, les EIES sont effectuées après la réalisation d’une activité exploratoire importante et destructive. Dans la plupart des cas, la découverte de la présence de chimpanzés dans une zone sous permis ne décourage pas les investisseurs et n’empêche pas les sociétés d’avancer dans leurs plans. Ces sociétés optent plutôt pour des stratégies d’atténuation et de prévention de qualité variable, souvent partiellement appliquées, en particulier si la société change de main. Il y a très peu de supervision ou de suivi pour garantir l’efficacité des stratégies d’atténuation. Parfois, une compensation des impacts négatifs anticipés est proposée (ibid.).
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L’exploitation minière artisanale
Bien que l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (ASM) existe depuis des siècles dans la majeure partie de l’Afrique de l’Ouest, son envergure a augmenté au cours des dernières décennies et menace les chimpanzés. Contrairement à l’exploitation minière à grande échelle, l’ASM est informelle ou semi-formelle avec le recours à des outils improvisés ou rudimentaires et à du matériel simple. Les minéraux exploités de manière artisanale en Afrique de l’Ouest sont en général l’or et le diamant (Small 2012; Villegas et al. 2013). Les sites d’ASM peuvent être associés à des grands projets miniers, avec des petits exploitants qui tirent parti des ressources minérales existantes, ou situés à des endroits où une exploration informelle a identifié des petits gisements accessibles et suffisamment lucratifs.